Commémoration du 11 novembre à La Garde à l'occasion du centenaire
Les élèves de la classe se sont investis cette année pour rendre hommage aux soldats qui ont vaillamment combattus lors de la Première Guerre mondiale. Cette commémoration a d'autant plus d'importance que nous sommes dans la célébration du Centenaire de ce conflit.
Onze élèves étaient présents ce jour-là et se sont mobilisés tout au long de la cérémonie pour représenter leur classe et leur collège. A l'énoncé des soldats gardéens décédés au cours des combats, ils ont prononcé en choeur "morts pour la France" avec les autres élèves et enfants présents lors de cette cérémonie.
Ludovic s'était proposé pour lire le poème de Guillaume Apollinaire s'intitulant le "Le poète", issu du recueil Calligrammes, Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916)
O poètes des temps à venir ô chanteurs
Je chante la beauté de toutes nos douleurs
J ’en ai saisi des traits mais vous saurez bien mieux
Donner un sens sublime aux gestes glorieux
Et fixer la grandeur de ces trépas pieux
L’un qui détend son corps en jetant des grenades
L’ autre ardent à tirer nourrit les fusillades
L’autre les bras ballants porte des seaux de vin
Et le prêtre-soldat dit le secret divin
J’interprète pour tous la douceur des trois notes
Que lance un loriot canon quand tu sanglotes
Qui donc saura jamais que de fois j’ai pleuré
Ma génération sur ton trépas sacré
Prends mes vers ô ma France Avenir Multitude
Chantez ce que je chante un chant pur le prélude
Des chants sacrés que la beauté de notre temps
Saura vous inspirer plus purs plus éclatants
Que ceux que je m’efforce à moduler ce soir
En l’honneur de l’Honneur la beauté du Devoir
17 décembre 1915
Commémoration du 11 novembre 2015
Par la suite, Rémy, Julien et Christelle s'étaient proposés pour lire une lettre de poilu :
Lettre du poilu Joseph Thomas du 05 août 1915
Le choix de cette lettre d’un poilu de la Grande Guerre par la délégation Var de la Fondation de la France Libre illustre le testament moral empli d’amour d’un père pour un fils qu’il n’a pratiquement jamais connu. Joseph Thomas était agriculteur et habitait Saint-Georges d’Espéranche dans le département de l’Isère. Cette lettre était destinée à son fils âgé de quinze mois. Joseph n’avait plus que huit mois à vivre, puisqu’il fut tué le 30 mars 1916 à Verdun.
05 août 1915
"À mon petit Armand,
Tu es encore bien jeune et ne peux comprendre ce qui se passe en ce moment : la guerre, ses horreurs, ses souffrances. Cette carte sera un souvenir de ton père, et il souhaite qu’à l’avenir les hommes soient meilleurs, et que semblable chose ne puisse plus arriver. Que jamais tu n’aies besoin, et sois forcé, de mener la vie que je subis en ce moment en compagnie de beaucoup de papas qui ont laissé, comme moi, de petits anges chez eux.
Pour t’élever, tu te trouves d’être bien pénible, mais tu te rattraperas de cela en étant dans quelques années un petit garçon bien gentil et obéissant. Le moment venu, je serai sûrement auprès de toi pour te diriger, mais si mon espoir était déçu, en mémoire de ce père que tu n’auras pas connu, redouble de gentillesse pour ta mère et pour ceux qui t’élèveront. Devenu un homme, sois du nombre de ceux qu’on appelle les honnêtes gens. Sois bon pour ton prochain, ne fais pas ce que tu ne voudrais pas qu’il te fût fait. Vénère ta mère ; sois pour elle un soutien véritable.
Rappelle-toi aussi que le vrai bonheur ne se trouve pas dans la richesse et les honneurs, mais dans le devoir vaillamment accompli, ainsi que les bonnes actions.
Si le destin te donne des épreuves à subir, sois courageux et tu les surmonteras, mais si par malheur tu te laissais entraîner par le vice, les passions, relis vite mes conseils, ne te laisse pas aller à la dérive. Il n’y a que le premier pas qui coûte ; une fois entraîné par le courant, on roule de chute en chute, et il arrive qu’on ne peut plus se relever.
C’est trop tard. Alors, arrivé à ce point, la vie est finie. Gâchée par sa faute. Et on est plus bon qu’à être la risée, ou montré du doigt par tout le monde, suivant le penchant qui a perdu l’homme.
J’espère n’avoir pas à rougir de toi, car je sens que tu suivras le chemin de l’honneur.
En attendant de pouvoir te choyer et caresser, je te fais, mon petit fanfan de grosses bises.
Joseph Thomas"
Nous nous sommes ensuite recueillis devant le monument aux morts.
Nous avons été fiers de nos élèves qui ont eu une attitude irréprochable et tout à fait adaptée aux circonstances. Ce sont eux les enfants de la République.